SIONGRIE 2008
BIG trip - Daniel Gobert - jour 6
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Lundi 18 août 2008
Histoire et géographie hongroises
Le lendemain matin, je sors en pyjama dans les couloirs et j'ouvre la porte : la voiture est là, tout va bien. Petit déjeuner pris en vitesse, je file au sud, à 20km vers le berceau de l'histoire hongroise, le lieu mythique de la région, indiqué partout sur les panneaux au langage illisible : Pannonhalma, petit mais légendaire BIG hongrois, le premier pour moi dans ce pays, mon 22e pays européen où je grimpe un BIG.
Un château qui domine tous les environs (photo de G.Györgyi)
Je stationne la voiture au pied, en face d'un petit supermarché, à côté d'un café. Le lieu est touristique mais n'est pas bondé. Le café du carrefour se nomme Pannonhalma, tout se nomme Pannonhalma, le château qui domine le mont, c'est Pannonhalma, mais il n'y a pas grand monde. Je quitte le carrefour en montée douce (6-7%) et la route se redresse de plus en plus avant d'atteindre un parking à gauche et un passage sous un grand portique à droite. La pente passe au-dessus des 10% pour atteindre le sommet en petits pavés, sur une place toute vouée à la visite du lieu. 148m au pied, 185m après 500m, 220m au kilomètre (soit 7,2% pour le premier), puis 256m au sommet sur le GPS (12% pour terminer). Un peu moins d'un kilomètre et demie. J'essaye d'entrer dans la cour du château, mais deux policiers m'en dissuadent du regard. Je fais le tour en vélo. J'aperçois à l'arrière une ruelle pavée à 20% qui plonge, voilà un versant qui doit valoir la peine, mais j'ai une autoroute à prendre et un rendez-vous à 13h avec les membres hongrois du BIG et mon futur hôte. Je reste cinq minutes à fixer Pannonhalma dans ma mémoire.
Sans vélo ou accompagné, j'aurais été le visiter. Dommage, le BIG empêche parfois cet intérêt culturel. Je demanderai aux hongrois de m'expliquer : ça compensera.
Je quitte alors Györ pour la banlieue de Budapest en suivant à la lettre l'itinéraire concocté par mon futur hôte Gabór Kreicsi, afin d'atteindre Pilisvörösvar, à l'ouest de la capitale, mais au pied du versant sud du Dobogo-Kö, le Big de Budapest. Je parcours sans problèmes les kilomètres d'autoroute, puis les petites routes qui serpentent à travers des villages. Parfois des vestiges de certaines traditions de l'est apparaissent encore, comme je l'avais déjà vu près de Prague, sous la forme de jeunes femmes en tenues peu habillées surgissant soudain au bord de la route, et dont c'est sans doute le seul moyen d'atteindre un seuil de train de vie suffisant. Ces pays de l'est en pleine mutation, j'ai toujours eu pour eux une attirance particulière, surtout depuis que le mur de Berlin est tombé. Ces pays sont peuplés de personnes en changement de vie, en changement de mentalité, en changement de niveau et de qualité de vie. leur vitesse de croissance et d'évolution m'impressionne car il faut deviner tout le travail qu'il y aderrière pour muer un régime en un autre à travers différentes générations et malgré de profondes habitudes. On peut changer de siècle d'un village à un autre. J'ai notamment aperçu un village 10km avant le pied du Dobogo-Kö, aux allures tyroliennes avec fleurs aux façades, deux kilomètres après un village que je qualifierais de bout du monde du pauvre. Etonnant !
J'arrive un peu tôt sur la place du cloître et je n'y vois qu'une voiture locale vite occupée et bougée par une autochtone et une voiture autrichienne. Pas de traces d'un vélo, nos hongrois sont sûrement en train de manger ou d'arriver. Je stationne la voiture à l'ombre, essaye de m'y endormir mais je n'y arrive pas : il y a trop de chaleur. J'en sors, fais le tour de l'église et m'assieds sur le banc du parc une petite demie-heure, remarquant que des badauds s'y promènent agréablement. Vers 13h, je retourne à la voiture, et vois un homme sortir un vélo de la voiture autrichienne. C'est Ferenc Suplicz, membre autrichien du BIG, mais d'origine hongroise avec qui je fais connaissance pendant un quart d'heure. Sa famille est en vacances dans le sud de la Hongrie et lui va nous accompagner aujourd'hui et demain. Chouette, il parle allemand : je pourrai un peu converser avec lui car le hongrois me parait toujours très très ardu ! On s'étonne vers 13h30 de ne voir personne d'autre. Je téléphone sur le portable de Gabór Kreicsi, qui me dit qu'il est au rendez-vous. Je lui dis : "moi aussi, avec Ferenc". En fait, tout le tour de l'église s'appelle place du cloître et nos amis hongrois (les deux Gabór pour aujoud'hui - Kreicsi et Vincze), sont juste de l'autre côté. On en rit bien et on prend les premières photos d'usage lors de la prise de connaissances.
Près du mur jaune du cloître, je suis entouré de Gabór Vincze en bleu et de Ferenc Suplicz en rouge.
Gabór Kreicsi est un homme fin et élancé, Gabór Vincze est plus râblé. Ils sont tous les deux, comme Ferenc d'ailleurs, d'un calme olympien et d'une gentillesse rare. Gabor K. m'a avoué en fin de séjour qu'il n'avait jamais vu Gabór V. se fâcher, quelle que soit la difficulté vécue. Et Gabór K. va passer tout son temps à essayer durant trois jours de me faciliter le séjour, alors que tous les autres seront avec moi d'une attention que je n'oublierai pas de sitôt. Merci à tous ! Après deux jours de solitude, j'en avais besoin. Nous conversons, mon hôte et moi en anglais; en allemand avec Ferenc, en langage de mains et en "petit allemand" avec Gabór V. , mais une pente à 15% est notre langage universel.
Nous partons à quatre à l'assaut du Dobogo-Kö. Le versant sud, m'explique Gabór, passe par deux "nyereg", mot qui signifie col en hongrois. Les hongrois du BIG viennent juste de s'inscrire aussi au club des cent cols et viennent d'établir leur première liste de cols nationaux. Tous les nyeregs sont chassés. je suis heureux d'en mettre 2 dans mon escarcelle, de même que le lendemain. Le premier se rejoint d'ailleurs après un mur de 500m à 15% où Gabci (je pense que c'est son diminutif) et moi prenons quelqu'avance sur les deux autres, ceux-ci chevauchant des VTT, de bonnes qualités certes, mais plus lourds évidemment que nos sauterelles de route. Après le col, on rejoint, la grand route et la nationale qui vient de Csobánka, versant est du Dobogo-Kö. ET on s'élève à 7%, parfois jusqu'à 10%, sur une route honnêtement asphaltée avec l'antenne sommitale en vue comme but pour nos yeux. C'est assez joli et boisé. Les collines hongroises sont parsemées et donnent plus une impression de collines isolées que de chaînes montagneuses.
Dobgo-Kö se monte au train, de manière agréable. C'est la station de sport d'hiver des budapestois. C'est aussi le BIG local pour Gabór Györgyi, qui ne nous rejoindra pourtant que le dernier jour car aujourd'hui, il travaille. Le Dobogo-Kö est une belle ascension qui se termine en cul-de-sac sur un terre-plein touristique où il ne faut surtout pas hésiter à emprunter un petit sentier de 50m sur la gauche jusqu'à l'antenne. Là, un panneau nous donne l'altitude au cm près (5m plus haut que le point culminant de ma petite Belgique) et est muni depuis ce jour-là d'un auto-collant BIG que Gabci s'échine à scotcher.
Pour coller un auto-collant du BIG, Gabor Kreicsi le hongrois au maillot cent cols, joue les équilibristes.
Mais surtout, ne manquez pas derrière le banc du sommet la vue magnifique sur Budapest et le nord de celle-ci, avec les courbes du Danube au pied des massifs. C'est vaste, c'est large et c'est vraiment beau. Un drapeau hongrois et un petit banc nous offre la photo sommitale rêvée quand Gaci court pour nous rejoindre après avoir déclenché le retardateur de son appareil numérique.
Retardateur ok, la photo à 4 a fonctionné : G.reicsi, D.Gobert, F.Suplicz, G.Vincze.
Un deuxième BIG hongrois dans l'escarcelle, et un groupe avec qui je me plais beaucoup. Je suis rassuré.
Gabci m'explique l'incroyable organisation de la journée. Il a amené sa femme chez ses beaux-parents près de Budapest pour qu'elle puisse prendre leur voiture, puis est venu avec Gabor Vincze au RV. On doit retrouner là-bas en mettant le vélo de Gabor Vincze dans ma voiture en compagnie du mien à l'arrière, je dois le suivre pare-chocs contre pare-chocs dans toute la traversée de Budapest afin de m'y retrouver car c'est compliqué, on repasse chez les beaux-parents, puis on reprend sa femme et sa belle-soeur et on remonte sur Salgotarjan. Alors, on démonte les vélos, en incruste les parties sur mon siège arrière et je ne lâche plus sa plaque arrière.
Installation
Ep puis, dès l'entrée dans Budapest, ce fut le Far-west. Comme coller un pare-chocs dans une capitale, surtout peuplée d'automobilistes fous (Gabor m'expliqua qu'on est fort peu scrupuleux avec les lois du code de la route en Hongrie) qui serpentent à travers les innombrables bandes de circulation. Rodéo, cirque, queues de poisson, feux passés de justesse,... rire ici ! J'ai essayé de visionner les magnifiques monuments de cette superbe ville (vraiment !) au passage. Buda et Pest des deux côtés du Danube ! Mais je n'avais guère le temps. Scotché sur le volant ! Scotché à la voiture de devant !
On arriva finalement chez les beaux-parents, agréables, gentils et pleins de délicatesse avec moi. On repartit alors vers Salgótarjan où se loge le nid des BIgeurs avec Gabór Kreicsi, Gabór Vincze, Gyorgy Domonkos et István Ispán, tous du même club au maillot aux couleurs bleues. C'est une grande ville qui s'étend du nord au sud sur une dizaine de kilomètres près de la frontière slovaque. Dans une rue en pente (tiens donc!), la maison des parents de Gabór m'accueillent. Une place pour ma voiture, qui demain, ne bougera pas, me dit-on ! La maison est la plus belle de la rue, sans conteste ! La maman parle anglais , est une formidable cuisinière et m'accueille avec une gentillesse rare et chaleureuse. Le papa parle allemand, est un dirigeant d'une entreprise qui tourne avec le frère de Gabór, et semble tout aussi sympathique. Quelle famille formidable !
On me montre ma chambre d'accueil : grande, très grande, une suite privée m'est laissée pour deux nuits. Que demander de plus ! Je suis dans un palace hongrois, reçu comme un prince ! Le repas du soir est prêt, le temps d 'échanger quelques dialogues multilingues sur nos habitudes culturelles, culinaires, sportives, professionnelles. Gabór part ensuite rejoindre sa femme et moi, je monte dans mes appartements. Dans deux jours, je serai de retour près des miens mais d'ici là, encore 5 BIGs, le toit de la Hongrie demain et mes premiers BIgs slovaques après-demain. Dodo, demain m'attend !